7e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 1996-1997

Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du mauvais.

C'est la prière de Jésus pour ses disciples. Il traite de la "Difficulté d'être chrétien" Jésus dit en effet que nous sommes dans le monde, sans être du monde. L'intention est claire : il s'agit d'être un homme à part entière, immergés dans les luttes, les espérances et les combats du monde, et garder cependant une distance. Il ne s'agit pas du repli superbe de celui qui se tiendrais sur la berge du fleuve et contemplerait son agitation, mais d'une distance qui serait fraternelle. Il s'agit de ne pas se confondre avec le monde sous peine de n'avoir plus rien à dire, plus rien à lui apporter et donc faillir à sa mission.

Mais si l'intention est claire, il s'agit en réalité d'un chemin de crête, car il faut tenir à la fois deux choses. Il serait facile de n'en affirmer qu'une, de choisir. Etre dans le monde. Comme Jésus doit aimer ceux qui se portent avec un grand élan fraternel vers le monde, qui explorent des voles nouvelles, aux marches de l'Eglise, ceux qui prennent des risques, même s'ils commettent des erreurs.

Ne pas être du monde. Savoir lui dire non : c'est encore une façon d'aimer. Non au culte de l'argent et à l'avarice, non à l'injustice et à l'exploitation de l'homme par l'homme, non à l'oppression, non à la violence et au racisme. Même si tout le monde court après l'argent, même si tout le monde triche, même si tout le monde commet l'injustice. La vérité n'a rien à voir avec le nombre des gens qu'elle persuade. L'Eglise dont je rêve... Alors mon Eglise, celle dont je rêve, celle que j'appelle de mes voeux, n'est pas seulement une, sainte, catholique et apostolique. Elle a d'autres caractéristiques : C'est d'abord une Eglise fraternelle, ai trop pyramidale, ni trop hiérarchique, mais faite de frères et de soeurs. Tout le monde s'y sent à l'aise et ose s'exprimer parce que personne n'y a peur de personne. C'est une Eglise de gauche puisque les frères de gauche sont mes frères et une Eglise de droite puisque les chrétiens de droite le sont aussi. Elle est aussi peu Bonapartiste et Gaulliste que possible En elle, il n'y a pas de personnage messianique, ni de gourous pour dire ce que je dois faire Elles est faites d'hommes libres qui s'écoutent mutuellement, ou plutôt qui écoutent ce que l'esprit leur dit par la bouche de leurs frères.

Mon Eglise est ensuite une Eglise en recherche. Elle n'a pas de réponse à tout. Elle est le grand rassemblement de tous ceux qui voudraient percer le secret de Dieu. Elle est humble. Souvent elle a plus de questions que de réponses. On la voit aux côtés de tous ceux qui cherchent en vérité.

Mon Eglise est enfin engagée. Elle a compris qu'il ne suffit pas de pratiquer la charité d'une manière artisanale, mais qu'il faut s'attaquer aux causes de la pauvreté. Ou plus exactement qu'il importe souvent de faire l'un et l'autre. C'est pourquoi mon Eglise est entrée en politique comme on disait jadis d'une personne qui est entrée en religion. Ou rassurez-vous, si elle pousse à l'engagement politique, elle ne vous dira plus pour qui il faut voter ? Car rien n'est plus détestable qu'une Eglise appelant à voter à gauche à cause des exigences de la justice qu'une Eglise appelant à voter à droite pour la défense des valeurs traditionnelles. Telle est mon Eglise. Elle existe déjà. Voulez-vous bien que nous travaillons ensemble à la faire naître davantage. Ce serait un fruit de la Pentecôte. Ce serait l'accomplissement de la prière du Christ.