Troisième dimanche de Pâques

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Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 18/04/21
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 2020-2021

C’est bien comme cela que nous aussi nous ressusciterons : avec nos blessures dans le corps et dans le cœur.  Nous sommes tous différents et c’est avec notre corps unique en son genre que nous ressusciterons.

C’est tout d’abord la première chose admirable que Jésus nous montre avec son corps ressuscité.  A sa résurrection, il n’a pas reçu de corps parfait, idéal, sans faute, ni défaut.  Non, il est ressuscité avec le même corps que celui dans lequel il avait vécu et souffert. 

Le corps ressuscité n’est pas une production artificielle : il est dans la continuité du corps dans lequel nous vivons, nous aimons et nous souffrons.  C’est la même chose qu’avec le fœtus.  Le corps que nous avons est dans la continuité du corps qui s’est formé dans le ventre de notre mère.  Certains fœtus se sont bien développés, d’autres ont malheureusement grandi sans bras ou sans jambe.  Et c’est ainsi qu’ils sont sortis du ventre de la mère et c’est ainsi que ces hommes et ces femmes ont vécu.  Le corps ressuscité sera dans la continuité de la vie commencée dans le ventre maternel, avec ses qualités et ses défauts, unique en son genre, parce que nous sommes tous uniques.  La preuve, c’est que nous avons tous notre photo sur notre carte d’identité.  C’est pour qu’on puisse nous reconnaître.  Il y a des visages agréables et beaux.  Certaines personnes attirent le regard et d’autres sont repoussantes.  C’est avec ce visage que des hommes et des femmes reçoivent le regard de leurs voisins et de leurs proches, un regard bienveillant ou un regard distant.

Notre corps et notre psychologie forment comme un vitrail avec des carreaux clairs ou sombres, rouge sang ou jaune or, bleu ciel ou noir charbon.  C’est à travers notre corps et notre psychologie que les rayons de l’amour de Dieu ont pu pénétrer dans notre cœur et nous réchauffer.  Et certains d’entre nous sont tellement remplis de cet amour divin qu’ils en rayonnent depuis l’intérieur de leur cœur.  Et cette lumière intérieure passe à travers les carreaux du vitrail de leur corps et de leur psychologie, tantôt clairs, tantôt obscurs. Il est donc normal que notre corps participe à la résurrection parce qu’il a été le complice de notre vie, pour le meilleur comme pour le pire.  Car c’est avec nos mains que nous avons manifesté notre colère ou notre tendresse.  C’est à travers notre bouche que nous avons proféré des paroles blessantes ou caressantes. 

Les blessures que nous avons reçues dans notre corps et dans notre cœur font elles aussi partie intégrante de notre vie.  Elles peuvent être un handicap, comme elles peuvent un sujet de honte ou de dépit.  Les blessures du Christ, elles, sont la preuve de son amour pour chacun d’entre nous.  Elles ne sont pas un objet de répulsion, mais une invitation à recevoir cet amour et  à l’imiter.  Il en est de même pour certaines personnes que nous rencontrons : elles ont le visage tout ridés, mais éclairés par des yeux tellement lumineux.  Il y a aussi des personnes effacées et silencieuses, mais dont la seule présence apporte un sentiment de paix et de sérénité.

« Touchez-moi : un esprit n’a pas de chair ni d’os ».  Merci, Seigneur, d’avoir créé notre corps à ton image et à ta ressemblance.  Merci de l’avoir consacré par l’huile du baptême pour qu’il devienne un objet sacré.  Merci de le ressusciter afin qu’avec nos blessures et nos handicaps nous puissions te louer pour l’éternité.