16ème dimanche ordinaire B

Auteur: Jean-Bertrand Madragule
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2020-2021

Chers frères et sœurs ! C’est un phénomène étonnant – mais vous en avez peut-être déjà fait l’expérience – que de pouvoir entamer une conversation avec de parfaits inconnus en vacances. Et peu de temps après, vous pouvez vous retrouver à parler de sujets religieux.

Des questions et des besoins, des déceptions et des espoirs surgissent. Il y a quelqu’un qui attend notre témoignage de foi. Quelqu’un cherche des réponses aux questions fondamentales de la vie. J’espère que vous avez fait cette expérience ! Moi, je l’ai faite ! J’ai rencontré un jour un monsieur pendant mes vacances. Au cours de cette rencontre très intéressante, je lui ai dit qu’il était important et nécessaire de prier et d’aller régulièrement à la messe le dimanche. Savez-vous ce qu’il m’a dit ? Il a dit ceci :

« Frère Jean-Bertrand, vous savez, si vous aviez le stress que j’ai toute la journée, au travail, et maintenant en tant que chauffeur, je n’ai pas la force de ce que vous me proposez. Et puis quand je rentre à la maison, les enfants sont déjà là. Ensuite, le jardin doit encore être fait... Avec la meilleure volonté du monde, je n’ai pas le temps d’aller à l’église. Où suis-je censé trouver le temps ? Si j’avais autant de temps, j’irais à la messe tous les dimanches et je prierais. Mais ce n’est pas possible pour moi. Le stress que je subis toute la journée est bien trop important. »

C’est vraiment étrange : tout ce qui concerne Dieu ou la foi, cela est considéré comme un effort supplémentaire par la plupart des chrétiens. C’est d’autant plus étrange que cela contraste exactement avec ce que Jésus nous dit aujourd’hui dans l’Évangile. Jésus venait d’envoyer ses Apôtres en mission. Au retour de leur mission, Jésus constate que les Apôtres étaient vraiment stressés et fatigués. Puis il leur propose un temps d’intimité avec lui : “Venez à l’écart et reposez-vous un peu.

Rappelez-vous une autre parole de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28). Je pense que c’est quelque chose de très important que nous ayons à nouveau cette expérience : Venir à Jésus, avoir une intimité avec Lui, devrait nous mettre en forme, nous reposer, et cela ne devrait pas être un fardeau supplémentaire.

Certains ont pu penser que l’Évangile d’aujourd’hui consacre « l’institution évangélique des vacances ». Oui, les vacances sont quelque chose de très important pour les gens. Cela ne dépend que de ce que l’on en fait. Certains investissent beaucoup d’énergie pour les vacances. Et pourtant, lorsqu’ils rentrent chez eux, ils ne se sentent pas revigorés. Ils n’ont pas cette plénitude de joie.

Il y a toujours le même sentiment de vide intérieur. Comme nous le dit l’Evangile d’aujourd’hui, ils sont comme des brebis sans berger.

Les victimes des inondations se trouvent elles aussi dans une situation de détresse. Elles ont perdu tous leurs biens et même des êtres chers. Elles peuvent essayer de trouver un réconfort dans l’évangile de ce dimanche. Jésus propose à ses Apôtres un temps de ressourcement pour mieux servir le monde, pour mieux servir la foule. Lui-même se retirait souvent dans un endroit désert pour prier (Mc 1,35), pour être avec son Père. Il y passait parfois des nuits entières. C’est là qu’il puisait la force de prêcher la Bonne Nouvelle.

« Venez à l’écart et reposez-vous un peu. » La célébration eucharistique est un moment par excellence de repos auprès du Seigneur. Loin de nos soucis et de nos travaux de chaque jour, nous pouvons nous reposer auprès de Lui et refaire nos forces. La célébration eucharistique est la source et le centre de notre vie chrétienne. J’ai fait l’expérience de l’importance de la Messe dans ma vie. Pour moi, la célébration eucharistique est une rencontre personnelle avec Dieu et avec mes frères et sœurs. Elle donne la force et la joie dans mon cœur et dans ma vie. J’ai appris cela dans ma famille. Dans ma famille au Congo-Kinshasa, nous avons vécu la Messe comme une rencontre joyeuse avec Dieu et avec nos frères et sœurs.

Dans notre monde moderne plein de stress et de catastrophes, ce n’est pas un luxe de se réserver un peu de temps pour la prière. La qualité de notre vie spirituelle, la qualité de notre attention et de notre disponibilité aux autres, s’en trouvera renouvelée. Jésus le sait très bien : l’homme a aussi besoin de repos, le repos surtout spirituel. Et l’homme a aussi besoin de silence, d’un endroit où il peut s’éloigner de tout, où il peut reprendre ses esprits et se retrouver.

Dieu nous invite aujourd’hui à refaire nos forces. Dieu ne prend pas de congé, Il ne prend pas de vacances. Il prend soin des brebis faibles et malades. Il les conduit vers de bons pâturages. A chaque messe, le même Christ est là pour nous manifester son amour. Comme Jésus, je vous invite aujourd’hui à annoncer cet amour passionné de Dieu auprès de tous ceux et celles qu’il met sur votre route. Je vous invite à venir très nombreux à la messe chez nous, les Dominicains et à devenir ainsi des messagers porteurs de joie et d’espérance.

Venir à Jésus dans la prière du dimanche n’est pas un stress supplémentaire, mais plutôt venir puiser à la source de notre Foi qui nous permet de supporter le stress de la vie quotidienne. Nous en avons tous besoin. Venir à Jésus, c’est venir se reposer et se ressourcer. Amen.