Epiphanie

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 2/01/22
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Et voilà ! C’est fini.  Ils sont partis.  Ils rentrent chez eux.  Les mages ont vu Jésus, le roi des juifs annoncé par l’étoile et ils sont à la fois heureux et déçus.  Un peu déçus non pas parce que ce n’était qu’un enfant, mais déçus parce que cela n’a pas duré assez longtemps et qu’il leur manque encore quelque chose.  C’est un peu comme nous à la fin de cette période de Noël. 

C’était à la fois très bien et pas assez.  Pas assez, évidemment à cause des restrictions dues à la situation sanitaire, mais pas assez, surtout parce qu’on aurait voulu que cette période de fête et de rencontres dure plus longtemps et soit plus riche et plus profonde encore.  On n’a jamais assez dans une belle rencontre et avec ceux qu’on aime on n’a jamais assez de les voir et de goûter leur présence.

            C’est pour cela qu’il faut repartir comme les mages, avec à la fois une étincelle dans les yeux et un petit goût de trop peu dans le cœur.  Une étoile dans les yeux, c’est bien sûr parce qu’on a rencontré à nouveau le Christ dans la simplicité et la beauté de son humanité.  Ce n’est pas le Dieu tout-puissant qui nous intéresse, c’est celui qui partage nos joies et nos peines, et qui nous tend la main pour que nous puissions nous relever et marcher sur la route de la vie.  Mais ce n’était pas assez.  On aimerait retrouver cette intimité, cette complicité entre lui et nous.  C’est pour cela que les mages risquent de se trouver dans un grand danger : celui de laisser s’estomper la chaleur de cette rencontre avec Jésus-Christ.  Quand ils seront chez eux, les mages risquent de reprendre leur travail habituel et la lumière de Noël petit à petit risquera de s’éteindre et de disparaître.  C’est la même chose pour nous.  Après la fête de Noël, après avoir rangé le sapin et les guirlandes, on risque d’être vite rattrapés par la grisaille de l’hiver et la froideur de la vie. 

            Voilà pourquoi il est important de revenir à l’église pour entendre la Parole de Dieu et pour recevoir le corps du Christ, pour garder intacte cette nostalgie de la belle rencontre avec Dieu.  Non pas une nostalgie déprimante, tournée vers le passé, mais une nostalgie active, tournée vers le présent parce que nous sommes devenus des mendiants de Dieu.  Cette lumière de Noël est tellement belle que nous aimerions pouvoir la retrouver tous les jours, dans les yeux de nos proches, dans les petits signes que Dieu nous fait tout au long de notre vie.  Mais cela n’est pas assez et on recherche toujours un nouveau moment où on pourra être avec Dieu vraiment.  C’est comme l’eucharistie.  Nous la recevons tellement souvent que nous oublions le miracle qui nous est offert.  Dieu vraiment présent dans l’hostie se donne à chacun d’entre nous.  Nous sommes parfois comme les mages qui ont vu Jésus dans la crèche et qui ont rangé le souvenir de ce moment inoubliable dans un coin de leur cœur, dans un coin de leur vie.  Et pourtant cette eucharistie, c’est comme chaque rencontre avec Dieu, c’est à la fois beaucoup et trop peu.  C’est beaucoup parce que rencontrer Jésus comme cela, c’est un moment impressionnant, et c’est trop peu parce que cela ne dure qu’un instant.

            En quittant cette période de Noël, nous devrions faire comme les mages : garder bien vivant ce moment de rencontre, tout en sachant qu’il faudra du temps, peut-être beaucoup de temps pour qu’à nouveau nous ayons la chance de pouvoir rencontrer Dieu de cette façon tout à fait exceptionnelle.  Cela ne doit pas nous plonger dans la tristesse.  Cela doit nous inciter à le chercher toujours plus dans notre vie, dans le cœur de nos proches.  Et cela doit nous donner envie de le dire aux autres : c’est tellement bon de connaître Jésus-Christ.