9e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Amour de la règle ou règle de l'Amour. Voilà bien un dilemme auquel nous sommes toutes et tous confrontés quotidiennement. Nos vies sont parsemées d'un ensemble de lois dites ou non-dites d'ailleurs. Ces lois sont édictées par des hommes et des femmes en vue du bien de notre société et donc de tout un chacun. Elles nous protègent contre toute attaque, elles nous permettent de vivre ensemble et de nous respecter, elles sont des balises nécessaires pour canaliser nos égoïsmes respectifs, elles facilitent la rencontre humaine. Mais parfois aussi ces fameuses lois nous dérangent, elles n'ont plus de raison d'être, elles nous semblent dépassées voire même injustes. Quelles qu'elles soient, ce dont nous pouvons être assurés, même si n'aimons pas nous l'avouer, c'est que nos lois servent d'abord les valeurs de la classe dirigeante. Beaucoup d'entre nous seront vraissemblablement assez satisfaits, de voir en prison le petit voleur qui a cassé la vitre de notre voiture pour prendre l'auto-radio et s'indigneront sans doute moins de savoir ce qu'il advient de celui qui a détourné ne fut-ce que quelques millions dans une entreprise ou une banque. Dans ce dernier cas, il est vrai, notre sacro-sainte propriété privée n'aura pas été touchée. Malgré ce triste constat, les lois restent cependant nécessaires. Et ce n'est pas le juriste que je suis qui vais vous prétendre le contraire.

Pourtant, pourtant Jésus nous invite ce matin (soir) à prendre un peu de temps sur le sens des lois et à poser un nouveau regard sur elles. Pour ce faire, il repart de cette notion du sabbat : le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat. Qu'est-ce à dire ? La clé de compréhension d'une telle affirmation se trouve dans notre première lecture tirée du Deutéronome. Dans ce texte, nous pouvons lire : « tu te souviendras que tu as été esclave au pays d'Egypte, et que le Seigneur ton Dieu t'en a fait sortir par la force de sa main et la vigueur de son bras. C'est pourquoi le Seigneur ton Dieu t'a commandé de célébrer le jour du sabbat ». Le sabbat est donc d'abord et avant tout le souvenir d'une libération. Ce jour devient de la sorte pour chacune et chacun d'entre nous, signe de le fête de la liberté. La loi selon le Christ ne peut donc pas être une loi qui enferme l'être humain mais plutôt une loi qui libère. Et Jésus nous convie donc à réfléchir sur toutes ces lois que nous nous imposons à nous-mêmes ou aux autres. Ces lois sont-elles là pour me rendre plus libre, pour libérer celles et ceux qui comptent pour moi ou bien sont-elles un moyen que j'utilise pour écraser l'autre de mon autorité c'est-à-dire mon autoritarisme, ou encore une manière de gérer mes propres frustrations, mes propres blessures. Ce que j'impose n'est donc jamais neutre. Il doit y avoir une raison. Parce qu'une loi sans raison perd sa raison d'être. Pour Jésus, c'est parce que les pharisiens se sont enfermés dans un code de lois stériles qu'ils en arrivent à passer leur temps à surveiller l'autre, à vérifier si les préceptes du texte sont bien respectés. Mais ces lois, vécues de la sorte, sont des lois stériles qui vont à l'encontre même de leur essence puisque ces êtres légalistes ne sont même plus capables de voir le bien, le merveilleux qui peut sortir d'une désobéissance ô combien justifiée en vue d'un bien meilleur. Leur dureté de coeur s'exprime et se résume dans leur amour de la règle.

Mais voilà que le Christ nous demande d'inverser cette dynamique : passons de l'amour de la règle à la règle de l'amour. Ce qui prime dans une vie ne doit jamais être la loi. Cette dernière n'est qu'un texte, une lettre morte si elle ne conduit pas à la vertu par excellence. La conduite de nos vies ne peut et ne doit jamais être guidée par l'amour de la règle. L'évangile, la vie de Jésus se résume dans la règle de l'amour. D'ailleurs si la règle de l'amour était le fondement de nos vies, il n'y aurait plus besoin de lois puisque l'amour serait partout. C'est sans doute une vue un peu trop idéaliste.

En tout cas ce qui est certain, c'est que ce matin (soir), nous sommes invités à choisir entre deux alternatives : amour de la règle ou règle de l'amour. L'un conduit à la mort, l'autre à la vie. A nous d'en décider. Amen.

25e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Qui donc est le plus grand ?

Les disciples de Jésus n'étaient pas très fiers, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus important.

A priori, nous aurions nous aussi peut-être tendance à les blâmer, parce qu'ils se disputent pour les premières places. A y regarder de plus près, il faut bien admettre que la compétition a quelque chose de positif Avancer, grandir, chercher à devenir meilleur, à acquérir plus de connaissances, à être plus compétent, réussir, gagner, tout cela est important . Cela fait partie de notre vouloir vivre, de la mise en valeur de nos capacités. Cela donne du dynamisme et de l'enthousiasme. Et aujourd'hui, dans notre monde de battants, c'est même nécessaire pour se faire une place au soleil.

Seulement, voilà, il arrive parfois que cette lutte nécessaire, s'accomplit au détriment des autres, au prix de l'écrasement de celles et ceux qui nous entourent . E y a là souvent un aspect mortifère, à la compétitivité. Pour gagner, pour être le premier et le plus grand, le plus fort, il faut absolument anéantir les autres concurrents. Cela ne s'accorde pas très bien avec l'esprit de Jésus qui nous déclare "Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le serviteur de tous !"

Il arrivent que des personnes, parfois célèbres, accomplissent des oeuvres de bonté et de solidarité, Tout en réussissant leurs croisades du coeur, elles mettent en évidence et en lumière les grandes carences de l'organisation de nos sociétés, et l'incapacité des gouvernements d'enrayer les ravages de la grande pauvreté et de la misère. Comme pour se défendre, ou pour justifier une situation, on colportera volontiers les critiques vis à vis de ces actions humanitaires et l'on mettra en lumière les limites de leur efficacité. A l'occasion du décès de Mère Thérésa, les médias nous ont beaucoup parlé de son oeuvre, de la façon dont elle a permis à tant de malheureux de Calcutta de mourir, non pas dans la rue, mais d'une manière plus humaine et plus digne. Mais en même temps, d'autres ont essayé de dénigrer son action, lui reprochant d'agir uniquement sur les conséquences de la pauvreté en Inde, et de ne jamais remettre en question les causes de cette immense misère. D'autres lui ont reproché même de glorifier la souffrance de ces pauvres, comme si celle-ci avait en soi une valeur importante et rédemptrice.

Et nous-mêmes, ne nous arrive-t-il pas de nous irriter lorsqu'à côté de nous d'autres réussissent. Nous éprouvons du dépit devant les initiatives d'autrui. Nous sommes irrités quand quelqu'un s'oppose à nous, n'a pas la même pratique ou les mêmes opinions. Nous avons un inconscient plaisir à humilier les autres, surtout s'ils réussissent. Il nous est facile d'accuser et d'écraser l'autre quand nous sommes soi-disant supérieurs.

C'était déjà pareil au temps de Jésus. E avait jusqu'ici accomplit une oeuvre admirable, en guérissant de nombreux malades, en chassant les mauvais esprits et en accueillant les pécheurs. E s'était donc taillé un grand succès. Par ces nombreuses guérisons, ils s'opposaient aux autorités religieuses de son temps, qui prétendaient que la maladie ou l'infirmité était une punition de Dieu. Si quelqu'un était boiteux ou aveugle, c'est parce qu'il avait péché. Il ne fallait donc pas le soulager ni le guérir pour ne pas s'opposer à la vengeance de Dieu. C'est pourquoi les prêtres, les scribes et les pharisiens se voyaient remis en question par le succès du Nazaréen. Ils le critiquaient volontiers. "C'est par le prince des démons qu'il chasse les démons" disaient-ils. Ce prophète ne pouvait pas venir de Dieu puisqu'il accueillait les pécheurs. Jésus n'est pas dupe de ces pensées mortifères des juifs pieux de son temps. Il annonce clairement l'intention de ses adversaires de le faire disparaître. 'Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront, mais trois jours après il ressuscitera" En cela il réalise ce que l'auteur de la Sagesse disait du Juste : 'Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie et s'oppose à notre conduite. Condamnons-le à une mort infâme puisque quelqu'un, dit-il, veillera sur lui. " Jésus qui croit en la force du bien, annonce le relèvement, la puissance de la vie plus forte que toutes ces critiques. Il prédit la résurrection.

Pour fortifier ses disciples, Jésus fait un geste symbolique. Dans la maison,, il appelle un enfant, le place au milieu d'eux et l'embrasse. Appeler un enfant, c'est peut-être un geste émouvant, touchant voire même merveilleux. Pour les apôtres, c'est un rude coup de point sur la table. Ils ont discuté pour savoir qui était le plus fort et Jésus leur donne en leçon un petit enfant. Car Dieu ne se retrouve pas chez ceux qui veulent être grands au mépris des autres. C'est dans le petit qu'il se reconnaît.

L'attitude de Jésus apparaît comme radicalement neuve. S'il voit dans l'enfant celui qui est sans défense, il voit surtout un être disponible et ouvert à l'avenir. C'est vers lui que s'adresse la tendresse du Maître. Il l'embrasse. Il s'identifie à ce tout petit puisqu'il affirme que celui qui "accueille un enfant comme celui-la, c'est lui-même qu'il accueille et donc le Père qui l'a envoyé.

Aujourd'hui, Jésus ne va pas renouveler ce geste au milieu de nous, mais sa parole nous invite à accueillir l'enfant qui est en nous, qui demeure en nous. C'est une invitation à retrouver ce petit être qui sommeille en chacun de nos coeurs, cet enfant que nous avons été qui était ouvert à l'avenir, au progrès, à l'émerveillement devant la nature et le monde, dans le coeur duquel il n'y avait aucune violence, aucune agressivité, mais un désir d'aimer et de se donner tout entier dans la tendresse envers ceux qui l'entourent.

30e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Mc 10, 46-52

Quand j'étais petit, et oui, moi aussi, un jour j'ai été petit, donc quand j'étais petit je rêvais d'une moto. Mais hélas, mes parents nous avaient déjà signifiés même à l'âge de 8 ans qu'il n'était pas question qu'une mobylette voire une moto entre un jour dans leur maison. Pas de mobylette, pas de moto. Hélas pour eux, déjà à cette époque j'aimais avoir le dernier mot. Puisque je ne pouvais pas avoir de moto, il ne me restait qu'à en fabriquer une. C'est ce que je fis avec quelques pinces à linge et des cartes à jouer. J'accrochai donc avec les pinces les cartes aux fourches du vélo. Les cartes frottant les rayons des roues, cela faisait vraiment le bruit d'une moto même s'il me fallait encore pédaler. Vous auriez entendu le bruit des motos des enfants du quartier. Un vrai tintamarre. Et nous criions de bonheur sur nos engins supersoniques. On criait, on criait à en enerver les grands qui nous demandaient de nous calmer. Pourtant qu'est ce que c'était gai de pouvoir crier de la sorte.

Aujourd'hui encore je trouve le cri important. N'ayez pas d'inquiétude je n'ai plus de vélo et je ne viendrai pas perturber votre tranquilité. Non mes cris ont changé. Ils sont plus variés. Il y a les cris de joie, les cris de bonheur. Le cri, c'est un peu la vie ; n'attend-on pas que le bébé crie lorsqu'il naît pour se rassurer que sa respiration se mette bien en route. Il y a aussi les cris liés à la surprise, à l'étonnement : le fameux "bouh fais-moi peur" en cas de hocquet. Il y a également les cris de colère. Ceux-là je les aime moins. Je trouve qu'ils font très peu éduqués. Puis il y a aussi les cris de révolte, d'incompréhension. Ces derniers sont importants, essentiels. Osons crier ce qui nous dérange, ce qui nous paraît impossible, incompréhensible. Nous sommes en droit de tenter de comprendre pour mieux vivre avec nos souffrances.

Le cri fait bien partie de la vie. A l'image de celui entendu dans l'évangile de ce jour. Comme Bartimée, nous ne voyons pas Dieu. Il n'est pas visible comme tel à nos regards. Il vit au-dedans de nous, au plus profond de nos êtres. Nous devons donc crier vers lui pour qu'il nous entende. Notre cri dans la foi doit faire écho en Dieu et cela ne peut se vivre que dans la confiance et l'espérance. Il n'y a rien de pire que de découvrir que notre cri n'a comme unique réponse le silence, le vide. (Un peu à l'image du GSM qui est coupé, comme s'il fallait que l'autre réponde toujours quand nous le souhaitons). Crier vers Dieu tant sa joie que son désarroi n'est pas déplacé mais réalité de ce qui peut nous habiter. Le cri est de la sorte une invitation à ne pas se taire, à ne pas nous enfermer dans une spirale de questions restées sans réponse. Il est appel. Un appel de la vie à la vie. Une nécessité nous permettant tout simplement de continuer à respirer. C'est un échauffement qui nous fait du bien, le départ d'une démarche. En effet, Bartimée ne s'est pas simplement contenté de crier. Il s'est levé et puis il a dû se taire pour pouvoir se diriger et partir à la rencontre de Jésus, celui-là même qu'il reconnaissait comme Fils de David, c'est-à-dire Fils de Dieu. Selon cette dynamique évangélique, un cri ne peut s'enfermer dans un cri, sinon il devient une plainte lanscinante, une paralysie d'enfermement sur soi et ses problèmes. Un cri se dit, un cri se crie et puis silence. Au cri, suit l'écoute attentive, le désir de percevoir la brise légère qui conduit immanquablement à Dieu. Il devient cette respiration entendue comme invitation à se lever, à avancer et partir à la rencontre du Fils sur notre propre chemin. Dieu le Fils, nous accompagne sur la route de nos vies malgré tous les bruits existants. Il se tient près de nous, en nous. Et il attend, il attend patiemment notre cri, celui du désir de le rencontrer, de le découvrir, de l'aimer. Dans cette rencontre, dans cet apaisement, Jésus le Fils nous guérit de nous-mêmes, c'est-à-dire de tous nos aveuglements, de toutes ces certitudes ancrées en nous ainsi que de toutes nos duretés, nos intransigeances. Il nous désaveugle de tout ce qui nous encombre pour nous éclairer de la vraie lumière, l'unique. Celle qui illumine les êtres que nous sommes. Une lumière merveilleuse qui conduit au bonheur mais au bonheur en Dieu.

Alors si parfois nous avons l'impression que nous vivons un peu trop dans nos ombres, que l'amour n'est pas au c½ur de nous-mêmes, que nous n'arrivons pas à nous réconcilier, que nous nous enfermons dans nos nocturnités, retournons-nous vers Bartimée et crions avec lui vers le Christ pour qu'il nous dise : "va, ta foi t'a sauvé". Alors nous aussi nous verrons.

Amen.

15e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Souvent, peut-être même trop souvent, certaines personnes justifient leur incroyance en attaquant l'Eglise. Nous avons alors droit à la litanie des « comment pouvez-vous encore croire avec les prises de positions de l'Eglise ? », « je ne vais plus à la messe quand je vois qui fréquente l'Eglise ». Quand je reçois ce type de remarque, j'invite toujours les personnes à préciser leurs pensées. Est-ce vraiment à cause des gens ou bien ne vivez-vous pas plutôt un moment de remise en question par rapport à votre foi. Ou encore, quand vous critiquez l'Eglise, est-ce l'Eglise ou certaines parties de l'Eglise ? Est-ce le Vatican ? Ce dernier fait évidemment partie de l'Eglise mais il n'est pas l'Eglise en tant que telle parce que tout simplement l'Eglise est d'abord et avant tout, l'Eglise du peuple de Dieu. Cette Eglise, fondée par le Christ, ne se limite pas à ses structures, elle est formée de l'ensemble des croyantes et croyants qui croient au mystère et se reconnaissant dans la divinité du Fils de Dieu.

Au cours des siècles de notre histoire chrétienne, il me semble que quelques dérapages vont se vivre. L'institution va de plus en plus professionnaliser certaines tâches, certaines fonctions. Pour prendre la parole publiquement, expliciter les Ecritures, il faut quelques années de formation, avoir pris le temps d'étudier et d'entrer dans la lumière du mystère. Mais il y a un certain danger à s'isoler dans ce type d'appréhension de notre vie chrétienne. Laisser la parole aux professionnels, c'est quelque part s'autoriser à entrer dans une démarche de passivité. C'est s'en remettre à d'autre comme si la prédication n'était réservée qu'à quelques élus. Erreur. Grave erreur.

Méditons le texte d'évangile de ce jour. Le Christ ne s'est pas tourné vers de grands scientifiques, des théologiens réputés de l'université de Jérusalem ou d'ailleurs. Non ses disciples, ses apôtres sont des gens tout simples. Ils ne comprennent pas tout du mystère de l'homme-Dieu qu'ils ont pourtant décider de suivre. Pierre croit comprendre se trompe et le niera, Jacques et Jean veulent la meilleure place, Judas trahira et tous l'abandonneront. Et pourtant ce sont de tels hommes que Jésus envoie sur les chemins pour proclamer la bonne nouvelle. Ils n'étaient vraisemblablement pas des érudits du savoir intellectuel, mais ils avaient la connaissance du savoir de la vie, celui qui s'apprend au jour le jour. Par cet évangile, Jésus nous rappelle que toutes et tous nous sommes invités prêcher. La prédication de la foi n'est pas réservée à quelques spécialistes. Même si nous le refusons, nous prêchons que nous le voulions ou non. Lorsque le Christ envoie les premiers apôtres, il se préoccupe d'abord et avant tout de leur style de vie. C'est vrai, nous enseignons, nos mots sont véritablement les nôtres par la manière dont nous nous comportons. C'est pour cette raison précise que je puis affirmer que tout le monde prêche. Si nous sommes avares, médisants, peu scrupuleux, fainéants et si nous sommes connus comme chrétiens, nous prêchons. Nous prêchons c'est vrai, mais nous prêchons contre la religion, contre Dieu. La prédication n'est pas seulement une affaire de paroles mais également d'attitudes. Si notre comportement va à l'encontre de notre foi, des commandements des évangiles, nous sommes des menteurs vis-à-vis des autres mais également vis-à-vis de nous-mêmes. Notre prédication devient alors un contre-témoignage et par notre attitude, nous faisons reculer la bonne nouvelle du Royaume. Par contre, si nous montrons un visage heureux, si nous sommes épanouis, attentifs, compatissants, respectueux, nous prêchons également. Et cette prédication est notre devoir. Une lumière dans un regard, un geste de tendresse, disent souvent beaucoup plus que des mots.

De la sorte la prédication n'est pas un temps de la journée, voire même de la semaine, notre prédication se doit d'être à l'oeuvre à toute heure du jour. Il y va de la crédibilité du message évangélique. C'est notre tâche ; mieux encore, c'est notre responsabilité. Chacune et chacun d'entre nous sommes parcelle de l'Eglise de Dieu. Jésus nous a envoyé par notre baptême sur les chemins de la vie. Que nos paroles, nos gestes, nos attitudes soient alors en harmonie avec cette foi qui nous habite. Amen.

4e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Une jeune adolescente de notre paroisse me racontait, il y quelques semaines, l'épisode suivant. « Après avoir écouté le témoignage d'une religieuse qui avait raconté comment elle avait reçu l'appel de Dieu, la jeune adolescente me confia qu'elle s'était mise à prier Jésus comme jamais pour que ce dernier ne l'appelle pas à devenir bonne soeur ». Comme quoi un simple témoignage peut devenir traumatisant. N'ayant moi-même jamais eu Jésus au téléphone me demandant de devenir dominicain, je n'ai jamais très bien compris cette idée d'avoir été appelé. Ce type d'expression ne fait partie ni de mon vocabulaire, ni de mon expérience spirituelle. A la lecture de l'évangile de ce jour, j'imagine bien notre jeune adolescente se remettre à prier de plus belle. Si déjà être « bonne soeur », pour le dire dans ses mots, n'était pas son idéal, j'imagine que la perspective de devenir la mère de Dieu ne doit pas l'enchanter beaucoup plus.

Ce récit de l'annonce faite à Marie nous le connaissons tous. Il fait partie des histoires merveilleuses et magiques de notre enfance. Cela s'est-il réellement passé de la sorte ? Est-ce un récit historique ? Personne ne peut ni le confirmer, ni l'infirmer. Et pourtant au-delà du merveilleux de l'événement, cette histoire nous parle aujourd'hui encore. Il y a d'abord la disponibilité de Marie face à l'inattendu. Il y a ensuite son « oui » qui va transformer toute notre humanité. Mais il y a surtout la naïveté de cette jeune femme qui accepte de porter en elle le Fils de Dieu, c'est-à-dire Dieu Lui-même. Qui d'entre nous n'aurait pas hésité à sa place ? Et c'est cette idée de naïveté que je voudrais souligner ce matin (soir). La naïveté est souvent comprise en son excès. Elle devient alors synonyme de peu d'intelligence, de bêtise. Par contre la naïveté présentée dans l'évangile de ce jour est belle, positive. La naïveté est signe de cette grâce naturelle empreinte de confiance et de sincérité. Cette naïveté est loin d'être frivole, elle ouvre en nous un espace sur lequel nous pouvons élaborer, rêver, bâtir, en fait, construire tout simplement notre vie. C'est de cette manière que nous pouvons comprendre le sens de l'appel. Marie a été appelée à devenir Mère de Dieu. Et nous, toutes et tous, nous sommes appelés à nous réaliser. Il n'y a pas de chemin tout tracé, à nous de le trouver. Je souris d'ailleurs toujours lorsque quelqu'un me dit : « il faut être bien courageux pour être religieux aujourd'hui ». En disant cela, la personne se trompe de registre. Etre religieux, (s'engager jusqu'à la mort comme soeur Sabine dans trois semaines), ce n'est pas du tout une question de courage mais bien de bonheur. Et à ce type d'interpellation, je réponds toujours : « il faut être bien courageux pour se marier aujourd'hui. Moi en tout cas je n'en aurais pas été capable ». En effet, la vie religieuse, la vie de couple, la vie de famille, la vie de célibat choisi, la vie d'amour dans la fidélité, toutes ces vies ne sont pas dans l'ordre du courage mais bien de l'épanouissement. Ils sont à leur manière le chemin que nous avons choisi d'emprunter pour nous réaliser. Le courage consiste à vouloir marcher sur le chemin de l'autre au risque de ne pas être heureux. L'appel de Dieu, l'appel de Marie sont d'abord et avant tout des appels à la vie. Si nous nous promenons sur le chemin de notre destinée, il ne s'agit pas de courage mais bien de naïveté. En effet, je crois qu'il faut une grande part de naïveté pour se lancer dans la vie que nous choisissons. Tout choix est un pari sur le futur. S'engager dans sa vie demande toujours un minimum d'inconscience et d'audace. Nous ne sommes jamais tout à fait prêt. Il y a toujours mille et une raisons qui pourraient nous dire : attend, ce n'est pas encore le moment ; il faudrait d'abord faire ceci et encore cela. Mais à force de reculer son « oui », de repousser son saut dans les choix qui nous construisent nous risquons de nous enfermer dans une solitude destructrice de ce que nous sommes et avons à être.

La naïveté de Marie, la naïveté de la vie nous invite à toujours continuer de progresser, d'avancer parce qu'il y aussi de la fidélité dans la naïveté. Puissions-nous ne jamais l'oublier. Naïvement Marie a dit oui, il y a 2000 ans. Que notre oui à l'appel de Dieu, l'appel de la vie résonne en nous comme signe de notre désir de vivre heureux enraciné dans les pas du Fils de Dieu.

Amen.

16e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

 

Mt 13, 24-43

Les anges jetteront dans la fournaise tous ceux qui font le mal ; il y aura des pleurs et des grincements de dents. Mais les justes resplendiront comme le soleil.

C'est l'image d'un jugement sévère, violente, implacable, sans pitié et sans pardon. C'est une image qui nous inspire la peur, si nous la prenons au sérieux. Bref, c'est une image très peu chrétienne. Nous savons, n'est-ce pas, que Dieu n'est pas comme cela, qu'il nous aime comme un père, qu'il nous inspire de faire du bien , qu'il nous pardonne le mal que nous faisons. Comment est-ce possible que Jésus parle d'une manière qui correspond si peu à son propre enseignement ? Pourquoi veut-il faire peur à ses disciples ?

Il faut dire d'abord que ce type d'image est traditionnel dans le judaïsme de l'époque de Jésus, et ici Jésus parle bien sûr aux gens de son époque. Ce n'est pas notre langage, il faut l'avouer. Mais si nous voulons comprendre l'évangile, il ne faut pas nous bloquer sur les mots. Jésus rejette parfois le langage violent de ses contemporains, mais parfois aussi il l'emploie dans un but chrétien, et alors il l'emploie d'une manière un peu paradoxale. Je crois que c'est le cas ici.

Rappelons-nous d'autres éléments de cette parabole de l'ivraie. Bien que le maître de maison ne sème que du bon grain, de l'ivraie pousse aussi ; en le voyant, ses serviteurs proposent d'arracher l'ivraie. Bien sûr : ce sont de bons serviteurs qui savent que le projet de leur maître est d'avoir un champ de blé, et ils veulent travailler pour réaliser ce projet. Mais le maître de maison les empêche en leur disant d'attendre la moisson. Le projet du maître est plus compliqué que les serviteurs ne croyaient ; maintenant, pour obéir au maître, il leur faut ne rien faire ; ils doivent simplement laisser le champ tel qu'il est. Nous pouvons voir derrière ce dialogue un problème qui se soulève dans l'Eglise primitive, peut-être parmi les premiers disciples de Jésus. Jésus sème la parole de Dieu, il fonde la communauté des disciples, l'Église primitive, qui va croître jusqu'à ce qu'elle inclue tous ceux qui font le bien, les justes, tous les enfants de Dieu. Mais les serviteurs de Jésus, ceux qui sont chargés de guider les communautés chrétiennes, voient qu'il y a dans ces communautés de mauvais disciples, ceux qui, tout en se déclarant chrétiens, ne suivent pas vraiment l'enseignement de Jésus ; ils font toujours le mal. L'Église devrait être le commencement du royaume de Dieu, une société juste, une communauté des justes, des bons, des purs, des enfants de Dieu, mais maintenant elle est rendue impure par la présence de ces méchants, elle ne correspond plus au projet de Jésus. Il faut donc arracher l'ivraie, il faut expulser les faux disciples pour que l'Église soit purifiée, pour qu'elle redevienne une communauté digne de Dieu, la communauté des parfaits que Dieu veut.

Et Jésus répond : non, ce n'est pas à vous de séparer les justes des injustes, les bons des méchants, les purs des impurs, les vrais des faux disciples. Ce n'est pas à vous de juger. Le jugement n'est pas votre affaire, ce sera l'affaire des anges, à la fin du monde. À vous d'accepter la communauté chrétienne telle qu'elle est, l'ivraie avec le bon grain. Ne rejetez personne, n'expulsez personne. Vivez en paix avec ceux qui, à votre avis, font le mal. C'est-à-dire, s'il y a ceux qui sont loin d'être parfaits, pardonnez leur leur imperfection. En effet, l'Église n'est pas faite pour être une communauté des parfaits, mais pour être une communauté dans laquelle les fautes, les imperfections, sont pardonnées. Ne vous occupez pas de savoir si les autres sont purs, s'ils sont dignes d'être membres du royaume de Dieu. Ne vous occupez même pas de savoir si vous êtes dignes d'en être membres. Mais, si vous voulez en être membres, apprenez à acceptez les autres, à pardonner. Si vous ne pardonnez pas, telles que soient vos perfections et vos vertus, vous n'êtes pas dignes du royaume. Si vous voulez arracher l'ivraie, vous trouverez que vous êtes de l'ivraie. (C'est pour cette raison que Jésus critique souvent les pharisiens ; c'étaient des hommes pleins de vertu, mais ils ne toléraient pas les défauts des autres ; en cultivant la perfection, ils oublient l'essentiel.)

Si Jésus parle d'un jugement brutal qui viendra à la fin du monde, ce n'est donc pas pour faire peur aux gens ; c'est plutôt pour dire aux disciples qui veulent juger brutalement de ne pas juger ; ce n'est pas leur affaire, quelqu'un d'autre s'occupera de tout cela, et pas maintenant. Maintenant, les disciples ne doivent même pas songer à juger. En effet, si nous jugeons les autres, nous montrons que nous avons mal compris l'appel de Jésus ; si nous nous jugeons nous-mêmes, nous avons mal compris l'évangile. Certes, nous sommes appelés à la perfection - Jésus nous dit ailleurs "Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5:48) - mais la base de toute perfection chrétienne, de toute vraie perfection, est le pardon de l'imperfection.

26e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

En entendant l'évangile, je ne puis m'empêcher de penser à Ludivine. Comme le diraient certains, dans les termes d'aujourd'hui, Ludivine est une enroule et elle est « frappa-dingue » de mener sa vie comme elle le fait. Je traduis pour celles et ceux qui comme moi, ne sont pas habitués à ce type de langage. Ludivine est prostituée, elle est une de celles que nous ne comprenons pas, dont nous désapprouvons le métier. Un brin de condescendance et peut-être même de dégoût, voire de mépris. En tout cas un être qui est tombé bien bas, trop bas sans doute. Et pourtant, nous dit Jésus, elle nous précède dès maintenant, ici-bas dans le Royaume de Dieu. C'est quand même un peu fort de café cette affirmation de Jésus. Comme je vous l'ai déjà dit, je crois, du moins j'espère, être celui dans cette assemblée qui a eu le plus de prostitués et de prostituées dans ses bras. Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, c'était à New York comme aumônier et non pas comme client bien évidemment.

Même si c'était il y a quelques années déjà, leurs visages vivent en moi. Ils étaient tous tombés si bas, blessés par la vie. Et pourtant, je n'ai jamais autant senti la présence de l'Esprit que dans les rues de Manhattan la nuit. Michaël se considérait comme une sous-merde. Peu avant de mourir, nous lui avons fait prendre conscience qu'être trilingue était un atout dans la vie et il était redevenu quelqu'un à ses propres yeux. Cathy avait toujours sur elle une petite boite métallique contenant les cendres de sa maman qui l'avait abandonné à la naissance et qu'elle venait de retrouver juste trop tard. Margareth pouvait à nouveau dire « je t'aime » après tant d'années d'abus incestueux. Vance, poète et prostitué, écrivit un jour ses mots : « à quoi cela sert-il de construire des châteaux de sable, ils sont de toute façon détruits par la mer. Croire cela est faux. Ils restent à jamais graver dans la mémoire des vagues ». Enfin pour ne pas trop allonger la liste, Patrick me dit vers 4 heures du matin, alors que je ne le connaissais pas : « Père, par le simple fait de votre en présence en ce lieu, je découvre que Dieu m'aime encore. Merci ». Et puis, il s'est enfuit dans la nuit. Le point commun de tous ces jeunes dont le plus âgé avait 23 ans, c'est qu'ils sont tous morts au moment où je vous parle. Ils sont morts mais vivent dans le Royaume de Dieu. Oui, ils nous précèdent.

Ils nous précèdent parce que lorsque l'on touche de la sorte le fond de son être, il n'y a plus de place pour la suffisance, l'arrogance, la prétention. Ce que publicains et prostitués nous apprennent à nous les bien-pensants, les ingécos quoi de la première lecture et tous ceux et celles qui leur ressemblent, les nantis de la vie avec notre lot de blessures également, c'est que le Royaume de Dieu se gagne avec les fruits de l'humilité. Etre humble, contrairement à ce que notre culture nous a fait croire, ce n'est pas s'humilier, s'écraser, ne plus exister. Non pour être humble, il faut d'abord bien se connaître, s'apprécier dans ses forces et ses fragilités. L'humilité est la qualité des êtres qui s'aiment d'abord eux-mêmes. Qui s'aiment et non pas qui se suffisent. Les êtres prétentieux s'intéressent à eux et non pas aux autres. Ils se donnent l'impression de se suffire à eux-mêmes. Mais quel mensonge.

Nous sommes des êtres de relation et nous avons besoin de cette dernière pour exister, pour vivre. L'humilité est une attitude du coeur, c'est prendre conscience de notre être mais sans jamais le faire peser sur celles et ceux qui croisent mon chemin. La personne humble reconnaît de la sorte la valeur de l'autre. Je ne te suis ni supérieur, ni inférieur, nous partageons ensemble notre condition humaine. Mon seul désir est de te rencontrer. Pour ce faire, je refuse de m'enfermer dans la spirale du plus et du moins. Tout être, quel qu'il soit, quoiqu'il ait fait, garde sa valeur aux yeux de Dieu. Si c'est vrai pour Dieu, il devrait en être de même pour nous. Ne pas juger, ne pas condamner, simplement rencontrer. Et la rencontre, c'est tout simplement l'union de deux histoires qui se racontent en vérité. Cela nous demande une fameuse dose d'humilité. L'humilité, c'est créer un espace d'abord en nous pour laisser l'autre exister en toutes ses composantes. Prostitués et publicains sont peut-être petits à nos yeux mais grands dans le coeur de Dieu. Ne marchons pas à côté d'eux avec dédain, mais partons à leur rencontre, eux aussi, à leur manière nous montrent le chemin de la vie. En toute humilité. C'est d'ailleurs ce que saint Paul nous dit dans sa lettre aux Philippiens. Amen.

Baptême du Seigneur, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Et si cette histoire nous arrivait aujourd'hui. Imaginez-vous un instant au bord d'une rivière. Et voilà qu'au moment où un homme sort de l'eau, des cieux vous entendiez une voix proclamant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute ma confiance. Diverses réactions sont possibles : la peur d'abord, ensuite certains chercheraient à trouver la supercherie, le truc, les haut-parleurs, (un de ceux qui a préparé cette célébration entrerait dans l'eau pour que cela lui arrive aussi (il avait oublié que Jésus était Fils unique)), ou encore la fuite face à un tel mystère. Après l'étonnement, certains d'entre nous accepteront peut-être une telle déclaration en provenance des cieux. Honnêtement, je dois reconnaître que je ne ferais sans doute pas partie de leur groupe ; mon scepticisme étant bien accroché. Peur, suspicion, doute, sentiments qui nous traverseraient face à un tel événement aujourd'hui alors que, lorsque nous lisons le texte de l'évangile que nous venons d'entendre, nous le recevons sans trop de difficulté. Cela s'est passé de la sorte et puis voilà. C'est merveilleux, c'est également énigmatique mais c'est tout à fait possible puisque Dieu est Dieu. Hésitation si aujourd'hui ; conviction parce que cela s'est produit hier. Pourquoi une telle différence ? Sans doute, pouvons-nous affirmer : la foi se reçoit par révélation, elle se vit et se confirme par la contagion. Permettez-moi de reprendre cette dernière phrase. La foi se reçoit par révélation, elle se vit et se confirme par la contagion. D'abord, la foi se reçoit par révélation. Comme Jésus, nous aussi, lors de notre baptême, et ce quelle soit notre confession chrétienne, nous avons reçu l'Esprit de Dieu. Cet Esprit, dans sa discrétion et son silence, depuis cet instant, croyons-nous, nous façonne et nous construit. C'est cet Esprit qui nous fait croire que tout cela s'est réellement passé comme l'évangéliste nous le rapporte. Par Lui, nous lisons le baptême de Jésus avec les yeux des croyants. C'est une croyance, une espérance et non une certitude. La foi ne peut pas se prouver. Par le baptême nous entrons dans une dynamique de vie, dans une dynamique divine. L'Esprit de Dieu, reçu au baptême, nous pousse et nous conduit à aller à la rencontre du Fils Jésus. Et ce dernier, nous ramène toujours au Père. Il ne se complaît pas dans sa divinité, il invite à ce retour incessant vers le Père. Jésus, Fils de Dieu, né dans une crèche, reconnu comme tel par des bergers et des mages et puis oublié des siens pendant une trentaine d'années. Il est maintenant à même de commencer sa mission , celle qui nous ouvre une voie de salut, un chemin de bonheur. Mais pour mener à bien une telle tâche, il fallait qu'il se donne et se découvre comme Fils de Dieu. Jésus n'avait pas besoin du baptême de Jean comme tel. Son baptême était important parce qu'il était lieu de révélation, d'une autre forme d'épiphanie. Et pourtant, souvent, notre foi ne peut se contenter de la révélation. Pour se vivre, se confirmer et grandir, elle a besoin de contagion. Notre foi n'est pas seulement lieu d'une relation privilégiée et personnelle entre soi et le divin. Elle se nourrit également de la rencontre avec celles et ceux qui nous entourent. Notre foi doit être contagieuse au point d'en devenir l'une des plus grandes et merveilleuses épidémies de l'humanité. Dieu attend de nous des êtres en chemin et heureux de vivre parce qu'ils trouvent au plus profond d'eux-mêmes les échos de leur raison d'être. Notre foi ne peut s'emprisonner, elle nous a été donnée comme un flambeau à passer, à partager. C'est la manière dont nous la vivons, c'est le bonheur que nous en retirons qui nous rend crédible et qui nous permet de devenir contagieux les uns pour les autres. C'est tout simplement cela inviter l'autre à entrer dans l'eau. Dans la foi, la contagion n'est pas un mal, mais une nécessité. Ne craignons pas de contaminer celles et ceux que nous croisons sur nos chemins. Si la foi nous fait vivre et nous rend heureux, notre contagion sera douce et agréable. Révélation et contagion, deux dynamiques de notre baptême. L'une nous est donnée, l'autre, nous en sommes responsables. Par la contagion, la foi n'est pas un symptôme mais un syndrome de bonheur. Ne l'oublions jamais. Amen.

4e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

En ce dimanche des vocations, me revient à l'esprit l'histoire suivante : un jour, saint Vincent de Paul reçut une lettre d'une responsable de formation, celle-ci dit au saint : « cher père, nous avons actuellement chez nous deux novices, la première est très pieuse, elle passe son temps à prier à la chapelle mais son regard est tellement mélancolique, elle semble si triste. Puis il y a la seconde, une « indomptable » mais dont la joie se lit sur le visage et qui est toujours de bonne humeur ». Que dois-je faire demanda la s½ur ? La réponse du saint fut cinglante : débarrassez-vous de la mélancolique et gardez l'indomptable. Voilà de quoi remettre un peu les pendules à l'heure. Tout comme les textes de ce jour d'ailleurs puisque tous trois nous parlent de « salut ».

Salut ? Etre sauvé ? Mais qu'est-ce à dire ? La réponse se trouve dans l'évangile que nous venons d'entendre. Etre sauvé, c'est tout simplement avoir la vie en abondance. Voilà le sens premier, le sens principal du salut tel que le Christ nous propose de le vivre. Vivre sa vie en abondance, aller jusqu'au bout de soi-même, c'est-à-dire s'accomplir, se réaliser. Nous pourrions même dire s'épanouir. En fait, tout simplement, être heureux. Voilà le sens du salut, cette abondance de vie à laquelle nous sommes toutes et tous appelés. Jésus, Fils de Dieu, s'est incarné d'abord et avant tout pour nous montrer un chemin précis d'humanité, une porte par laquelle passer. Même s'il n'y avait pas eu le péché, Dieu se serait incarné. Il n'a pas eu besoin de nos manquements d'amour pour venir vivre notre vie d'homme. Dieu attend donc bien de nous que nous allions jusqu'au bout de nous-mêmes. En effet, nous sommes par définition des êtres inachevés, vivant dans un monde inachevé. Nous sommes toujours en quête d'un plus-être, d'un mieux vivre. Un peu comme si nous avions en nous cette certitude que nous ne sommes jamais pleinement arrivés. Pour se réaliser, pour être sauvé, il faut prendre le temps de s'arrêter, prendre le temps de vivre. Je crois même pouvoir affirmer qu'il faut attendre pour pleinement s'atteindre. Notre vocation d'hommes et de femmes, en tant qu'être humain, est donc de ne jamais s'arrêter dans notre quête incessante de l'épanouissement. Voilà le sens premier du salut. L'expérience de nos vies, nous montre, nous démontre que ce n'est pas quelque chose de facile. Que de fois, nous trébuchons sur le chemin de nos vies, nous nous égarons dans les méandres tortueux de nos pensées. Nous devons alors, aussi être sauvé de tout ce qui nous empêche de devenir nous-mêmes. Et voilà le second sens du salut. Hélas pour nous, mais au cours des siècles, ce second sens est devenu premier quitte même à en oublier le salut d'accomplissement au profit du salut des péchés.

Jésus est également mort pour nos péchés, nos manques d'amour. Trop de choses encombrent nos routes pour être ce que nous sommes appelés, par vocation humaine, à être. Mais en quoi, est-ce que Jésus est mort pour nos péchés, puisque nos livres d'histoires mais également nos journaux nous rappellent chaque jour des actes de violence, de mépris, d'absence de tendresse et d'amour. En quoi Jésus nous sauve-t-il donc ? Venant du pays de la bande dessinée, permettez-moi d'illustrer ce second sens du salut par, ce que j'oserais appeler, une parabole moderne. Il était une fois, un homme qui mourut. Il arriva au ciel dans une immense salle de cinéma. Très confortable par ailleurs. Il était là. Seul. Terriblement seul avec tous ces fauteuils vide. Et voilà que tout à coup, de par derrière l'écran arrive un ange qui lui souhaite la bienvenue et lui fait savoir qu'il va assister à la projection du film de sa vie, c'est-à-dire que tout ce qu'il a dit, fait, voire même pensé va apparaître à l'écran. Vous imaginez bien qu'au terme de la projection, notre homme est tout à fait effondré dans son fauteuil et est heureux de voir apparaître le mot « fin » à l'écran. Et voilà, que toujours par derrière l'écran, notre ange revient pour lui dire : nous espérons que tu as apprécié la projection. Tu t'es sans doute demandé pourquoi, il y avait autant de fauteuils dans cette salle alors que tu es tout seul. Et bien voilà, nous allons projeter à nouveau le film de ta vie, mais cette fois, tous ceux et celles qui sont acteurs dans ton film vont venir te rejoindre dans la salle. Vous imaginez l'horreur. Et bien, de manière imagée, c'est cela le second sens du salut. Dieu le Fils nous sauve de cette deuxième projection. Par sa mort, elle n'aura jamais lieu.

Et le Christ ce soir vient nous retrouver dans l'intime de notre être par les mots de saint Jean. Oui, j'ai pris sur moi le poids de vos manquements ; oui, je continue à prendre sur moi, comme si je vivais un vendredi saint éternel, tout ce qui vous encombre, tout ce qui vous empêche de devenir ce à quoi vous êtes appelés, c'est-à-dire vous-mêmes. Tout cela est bien vrai mais c'est second, car dans le c½ur de Dieu, dans la venue de son Fils parmi nous, le salut, c'est tout simplement, tout tendrement, recevoir la vie, mais la recevoir en abondance. Que jamais, ô combien jamais, nous ne gaspillions un tel cadeau. Il vient du ciel. Et cette vie en abondance nous ne la recevons qu'une seule fois. Ne passons pas à côté, nous convie Jésus.

Amen.

32e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Vers la fin de l'année liturgique, l'évangile nous parle souvent de l'attente. Il nous dit : l'époux va arriver, attendez ; le jour du jugement va arriver, attendez ; la mort sera vaincu, attendez. Parfois, comme aujourd'hui dans la parabole des dix jeunes filles, le message peut sembler un peu menaçant : si nous ne sommes pas bien préparés, risquons de rater le moment que nous devons attendre et d'être exclus. Mais toujours, même s'il y a un élément négatif, le message de Jésus est au fond toujours positif et porteur d'espérance.

Attendre, c'est notre lot commun. Chacun de nous doit attendre, tous les jours. Nous attendons le train, le bus, le feu vert. A la caisse au GB, c'est toujours la file, et nous attendons. Il y a des attentes plus importantes : la femme enceinte attend la naissance de son enfant, le prisonnier attend le jour où il sera libre.

Dans un certain sens, attendre, c'est ne rien faire, ce n'est pas une activité. Quand nous attendons à la gare ou au GB, nous restons simplement là, sans rien faire de spécial. En attendant le train, nous lisons peut-être le journal ; au supermarché, nous regardons peut-être les autres clients et leurs achats. Mais lire le journal n'est pas attendre, regarder les autres n'est pas attendre. Attendre, c'est simplement être là. Mais c'est être là parce qu'on espère quelque chose. Si nous restons à la gare sans rien faire de spécial, c'est parce que nous espérons que le train viendra. Nous sommes orienté vers l'avenir, et vers un avenir positif. Si nous croyions que le train ne viendrait pas, si nous n'avions pas cet espoir, nous quitterions la gare tout de suite. Nous espérons que le train viendra, c'est pourquoi il vaut la peine de rester à la gare. Si nous restons dans la file au GB, c'est parce que nous espérons arriver un jour à la caisse. L'attente suppose l'espoir. D'autre part, cesser d'attendre, c'est cesser d'espérer. Si nous cessons d'espérer, nous faisons peut-être quelque chose d'autre, nous quittons la gare ou le magasin pour aller ailleurs ; mais nous sommes déçus. La déception est parfois fondamentale : le prisonnier qui ne croit pas qu'il sera libéré, qui cesse d'espérer le jour de sa libération, ne peut pas aller ailleurs, sans espoir, il tombe dans le désespoir, il est désespéré.

Il n'y a pas que des prisonniers qui tombent dans le désespoir. Beaucoup de gens croient qu'ils n'ont rien à espérer. Pour eux, la vie semble être le feu rouge permanent, la déception permanente. Ou il n'y a que la mort qui les attend. Quand Jésus nous dit d'attendre, il nous dit effectivement que nous avons quelque chose à espérer. Quelles que soient les difficultés de notre vie, quelles que soient les déceptions que nous avons éprouvées, nous pouvons espérer, il vaut la peine d'attendre. Nous pouvons nous orienter vers l'avenir, parce il y aura un avenir positif. C'est la promesse de Jésus.

Parfois, si on attend quelque chose, on risque de rater ce qu'on attend. Pour ne pas le rater, il faut attendre de manière intelligente. Bien attendre le train veut dire attendre à la gare et pas à la maison. Il faut être attentif : si on lit le journal en attendant, il ne faut pas s'y immerger à ce point qu'on ne remarque pas le train qui arrive. C'est en effet le côté négatif de ce que Jésus dit : quelque chose de bon va arriver, quelque chose qu'il est possible de rater. Attendons donc le bonheur qu'il nous promet, mais attendons avec intelligence.

32e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Mt 15, 1-13

Je me rappelle de cette blague circulant dans le milieux ecclésiastiques et commençant par la question suivante : comment sait-on qu'un italien est catholique ? C'est très simple, il est catholique si sa femme va à la messe tous les dimanches. Intéressant comme réponse mais tout à fait à l'encontre de l'évangile de ce jour.

Nous la connaissons toutes et tous cette parabole des jeunes filles insensées et prévoyantes. Depuis le temps que nous l'entendons. Et puis, au premier abord, elle est choquante, dérangeante cette histoire. Elle va à l'encontre des bons principes chrétiens qui nous ont été inculqués tout au long de notre enfance : il faut prendre soin de l'autre, il faut partager avec celles et ceux qui ont moins ou voire même qui n'ont pas. Si nous le faisons, alors nous serons vraiment gentils et le petit Jésus sera content. Dans cette perspective évidemment l'évangile de ce jour est heurtant. Nous sommes un peu déboussolés par l'égoïsme des cinq jeunes filles prévoyantes. Or, je crois, le texte est nettement moins dur que ce qu'il n'y paraît à première vue.

Il rappelle simplement qu'il y a des choses qui ne se prêtent pas, qui ne s'empruntent pas. Je peux vous parler d'une relation d'amitié que j'ai avec quelqu'un, de la relation que je vis avec le Christ. Je peux vous en parler sans problème mais je ne peux pas vous la prêter. Vous ne pouvez pas me l'emprunter et c'est ce que notre cher italien de la blague de tout à l'heure n'a pas saisi. La relation à Dieu est d'abord et avant tout une relation personnelle. C'est à chacune et chacun dans son for intérieur de la trouver, de la composer et surtout de la vivre. Mais Dieu nous semble souvent bien silencieux et parfois ses échos résonnent peu en nous. Un des chemins proposés par Lui est alors sa rencontre au travers des Ecritures. Et aujourd'hui, dans la première lecture, il se présente à nous non pas en Père Tout Puissant mais en Mère pleine de douceur et de tendresse. Dieu dévoile de lui la face sensible de son Etre dans des mots que nous ne lassons pas d'entendre. Ils glissent doucement, ils frôlent tendrement les cordes fragiles de notre foi. Ces mots-là disent quelque chose du mystère de Dieu. Un Dieu d'amour. Un Dieu qui nous façonne puisqu'en le cherchant, il se laisse trouver nous dit l'Ecriture. Un peu comme si en apprenant comment nous sommes aimés, nous aussi nous apprenons à aimer. Mettons alors un peu de douceur dans notre liturgie pour écouter et faire vivre en nous à nouveau cette superbe lecture de la Sagesse.

Cette sagesse nous conduit au coeur d'une rencontre. Elle est là, elle existe. A nous de la trouver. Nous ne sommes plus dans l'ordre du savoir, de la connaissance mais plutôt dans celui de la confiance. Un peu comme l'enfant qui fait confiance à son grand-père même s'il ne comprend pas tout. La sagesse de Dieu, tendresse divine est ce vers quoi nous devons tendre. Elle n'est pas seulement quelque chose à regarder, à contempler. Il ne suffit pas d'y croire, il faut en vivre. Et ça, au risque de me répéter, cela ne se partage pas, cela ne s'emprunte pas. Nous sommes dans un champ éminemment personnel. La relation au Père est un peu à l'image des lampes d'huile de l'évangile. Cette foi en Lui s'entretient, se nourrit. Elle est comme un petit réservoir intérieur ayant ses propres réserves. Et de temps à autre, chacun à son rythme et selon ses propres besoins nous avons besoin de le remplir, de faire le plein de nos batteries.

C'est en ce sens que je comprends l'importance de nos eucharisties dominicales. Elles sont un temps, un moment dans cette course folle de la vie. Un temps donné pour recharger nos accus, pour prendre un peu de hauteur sur nous-mêmes, pour chercher du sens à ce que nous vivons. Un peu de temps pour Dieu et tant de temps pour nous. Les forces que nous trouvons en nous, dans nos réserves intérieures, sont des conduites essentielles de nos existences. Face à la dureté de certaines réalités, face aux souffrances et injustices endurées, notre relation à Dieu, notre rencontre avec la Sagesse divine, notre confiance et notre espérance trouvent leurs sources et leur sens dans le temps que nous nous donnons pour revenir à l'essence de nos vies. Celui qui cherche la Sagesse dès l'aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte. Ouvrons alors chacune et chacun la porte de notre coeur pour laisser entre en nous ce Dieu-Sagesse, Mère de Tendresse et de douceur.

Amen

27e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Cette histoire des vignerons homicides, (ce poème wallon concernant les cloueurs) nous montrent que l'histoire continue d'aller de commencements en recommencements, que notre humanité a bien des difficultés à apprendre les leçons du passé. C'est vrai des dictatures, il y en a eu ; des régimes totalitaires continuent d'exister et nous continuons à clouer ce Jésus Christ déjà Crucifié. Oh, prétendront certains, contre ces puissants nous ne pouvons pas faire grand chose et ils ont sans doute raison.

Par contre, ce qui est folie dans l'évangile de ce matin (de ce soir), c'est de découvrir que dans notre petite vie quotidienne, dans nos relations de tous les jours trop souvent encore nous nous conduisons comme ces vignerons. Heureusement, en n'allant pas jusqu'au meurtre physique. Mais il y a cependant des meurtres intérieurs qui ne tuent pas, des blessures que nous endurons et qui font tant souffrir. Le drame de cette vigne est le drame humain de toute violence qu'elle soit verbale ou physique. Cette violence-là a été mise au grand jour par ce grand anthropologue français René Girard. Cet auteur nous explique que la violence est inscrite en nous, qu'elle fait partie de nous-mêmes et que nous sommes invités à la maîtriser, à la transformer en douceur. Douceur de la vie, douceur de la rencontre. Et cela prend du temps.

C'est ce temps-là que les vignerons n'ont pas voulu prendre. Ils voulaient tout, tout de suite. Ils ne faisaient pas vraiment confiance. Et ils pensaient qu'ils obtiendraient cette unité, ce désir réalisé, cette paix en se séparant de l'autre. C'est toute l'idée du Bouc émissaire dont parle Girard. Qui d'entre nous n'a pas dans sa vie fait l'expérience dans sa classe, son staff, son groupe d'amis, son boulot, du bouc émissaire, de celle ou celui qui prend toutes les remarques, les critiques. Et le groupe se soude autour de cette personne qui devient ainsi le souffre douleur. Et le groupe se sent bien mais tout cela est bien éphémère car c'est fondé sur la violence, l'exclusion d'un être humain. Cette dynamique ne tient pas la route et le premier dans l'histoire de l'humanité à avoir refusé de répondre à la violence, à un tel jeu fut Jésus. Il a été ce bouc émissaire, mais il a refusé de s'exclure et il y a répondu par l'amour et le pardon. Tout simplement par la douceur.

Ce soir, l'évangile nous invite à nous poser les questions suivantes : pourquoi ai-je si souvent besoin d'exclure l'autre ? De le critiquer de manière négative, en le condamnant ? Est-ce le seul moyen mis à ma disposition pour trouver une paix intérieure ? Me rappelle-t-il trop mes propres faiblesses ? Suis-je envieux, voire jaloux de ce qu'il a ? Et même si j'ai du bonheur à me retrouver avec d'autres, est-ce que le bouc émissaire au sein de notre groupe n'a-t-il pas la fonction suprême de me permettre de ne pas devoir me dévoiler, de dire un peu de moi-même ? Si à ces différentes questions nous répondons de façon positive, alors il est sans doute plus que temps nous rappelle Jésus de reprendre sa propre route d'Emmaüs. Pour que le monde vive un jour en paix, il est de notre devoir d'arrêter de clouer encore et toujours le Christ sur le bois de sa Croix. Amen.